Anciens savoirs, nouveaux défis. Le savoir autochtone relatif à la conservation et à l’utilisation durable de la biodiversité
Colloque/atelier 424, lundi 10 mai 2010
Carole Lévesque (INRS) et Thora Martina Herrmann (Université de Montréal)
Les peuples autochtones ont une intime compréhension de leurs territoires. Ils savent exploiter de multiples façons de nombreuses espèces animales et végétales, qu’ils transforment en produits alimentaires, en médicaments ou en colorants, ils ont développé de techniques culturales pour un grand nombre de plantes utiles. Ce savoir et savoir-faire autochtone accumulé au fil de l’histoire est la propriété collective des communautés et se transmet oralement de génération en générations, notamment sous forme de valeurs culturelles, de règles traditionnelles, de langues locales, de rituels, de pratiques de santé et de méthodes agricoles. Les femmes comme les hommes possèdent d’importants corpus de savoir et de savoir-faire. Les femmes ont leurs propres domaines d’expertise et leur propre mode de transmission des savoirs. Les savoirs sont à la base d’un développement durable localement adapté. La destruction de l’habitat des peuples autochtones, leur déracinement, leur expulsion et la perte de leur identité met les peuples face au risque de perdre ces connaissances. Les découvertes dans l’industrie cosmétique, agro-alimentaire, et pharmaceutique faites à partir des savoirs soulèvent le problème de l’accès aux ressources, des brevets et de la reconnaissance de la propriété intellectuelle des savoirs collectifs. Avec la signature de la Convention sur la diversité biologique (CDB) les savoirs autochtones ont, pour la première fois, bénéficiés d’une large reconnaissance. L’accès aux savoirs traditionnels doit reposer sur un consentement préalable et nécessite un partage des bénéfices. Néanmoins, il s’agit principalement d’un accord entre États, qui ne prend pas nécessairement en compte les intérêts des groupes autochtones. Les savoirs sont une propriété commune, contrairement à la définition que l’OMC donne des droits privés et individuels à la connaissance et à la propriété industrielle dans l’accord sur les ADPIC. Ce colloque interdisciplinaire propose de mettre en évidence, en explorant des études de cas issue des Amériques, d’Afrique, de l’Océanie et de l’Australie, l’importance de prendre en compte et d’intégrer les savoirs autochtones en vue de proposer de nouvelles voies pour assurer la conservation de la biodiversité.